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Je suis arbre, une relaxation pour se connecter

L’image de l’arbre est souvent utilisé en relaxation. Grâce à une identification aisée, elle permet de travailler de nombreux thèmes : l’ancrage, l’estime de soi, le décentrage, le lâcher prise, le deuil, la circulation énergétique, etc., et aborder le lien de l’Âme à la Personnalité.

La relaxation

Préparation1

Prenons le temps de nous poser, de tranquillement fermer les yeux, de revenir aux sensations de notre corps et à notre respiration. Prenons le temps de ressentir notre respiration, au niveau du ventre, au niveau du nez, de sentir le souffle de cette respiration, de manière naturelle, sans la modifier, sans chercher à avoir une respiration idéale. Acceptons notre façon de respirer simplement comme elle est.

Et puis tranquillement, à chaque fois que l’on expire, on imagine qu’on détend, qu’on relâche une partie du corps.  On peut imaginer que nous sommes bien en appui sur nos deux pieds et on imagine alors de la détente dans nos pieds2. On inspire et on expire en imaginant simplement un état de détente dans les pieds, l’intention d’un confort, l’intention d’un bien-être. J’expire et mes pieds deviennent plus confortables. On peut imaginer aussi chaque orteil dans un état de complet relâchement. Simplement en imaginant : on ne cherche même pas à relâcher pour de vrai. On ne fait rien physiquement ou concrètement : simplement on imagine les pieds un peu plus détendus, un peu moins crispés. Juste l’intention. On  imagine simplement que l’on vit quelque chose d’un peu plus confortable.

Puis, on peut imaginer un grand souffle qui vient détendre l’ensemble des jambes, des hanches, jusqu’au bout des orteils. On inspire et on expire en imaginant que les jambes, des hanches jusqu’au bout des orteils se détendent parfaitement. A chaque fois que je souffle, il y a un peu plus de détente qui vient s’installer.

[ Faire de même avec les autres parties du corps : jambe-cuisses ; main / doigts ; bras-épaules ; ventre / cage thoracique / colonne vertébrale. ]

On peut maintenant le faire sur les bras et les jambes en même temps. Sur un souffle on imagine que nos bras et nos jambes sont totalement détendus. Juste l’imaginer. Ensuite, on peut imaginer, que sur le prochain souffle, c’est tout le corps, des épaules jusqu’au bout des orteils, qui se détende. J’inspire et sur l’expiration, j’imagine que mes épaules, mes bras, ma colonne, mes jambes , mes orteils sont totalement détendus.

On peut ensuite faire la même chose pour la tête. On imagine la colonne vertébrale qui arrive dans la nuque. On imagine le sommet de notre tête, le cuir chevelue, le front, les yeux, le visage, la bouche, les lèvres, la langue, le menton et la mâchoire. On peut imaginer que tout cela viennent se détendre au moment de l’expiration. J’inspire et quand j’expire tout mon visage et toute ma tête se détendent. Simplement imaginez. Imaginez que les muscles du visage se détendent, que les yeux peuvent se sentent plus libres, que la mâchoire puisse se relâcher, que le front et le sommet de la tête soient moins tendus, que la nuque soit plus souple. J’inspire et quand j’expire j’imagine la détente.

Et puis finalement, on peut le faire pour l’ensemble du corps, du sommet de la tête jusqu’au bout des pieds. J’inspire et quand j’expire j’imagine une détente totale de tout le corps, du haut, vers le bas.

Être un arbre

Et puis on va pouvoir reprendre3 notre habit d’arbre. Je vous invite à imaginer de nouveau des racines qui partent de vos pieds. Des racines qui viennent s’ancrer au plus profond dans la terre, des racines qui tiennent, qui nourrissent4. Et puis on peut imaginer le tronc de l’arbre, les branches et le feuillage de l’arbre que nous sommes.

On peut imaginer que dans cet arbre, la sève circule, dans un premier temps, on peut imaginer qu’à chaque fois qu’on expire, qu’on souffle, la sève descend5. Elle descend et en même temps elle évacue toutes les choses qui n’ont plus lieu d’être, toutes les choses qui nous encombrent. J’inspire et quand j’expire j’imagine que mes soucis, mes pensées, tout ce que j’ai dans la tête et qui m’encombre, s’évacue dans la terre à travers mes racines. J’inspire et quand j’expire, en tant qu’arbre, je peux évacuer ce dont  je n’ai plus besoin à travers les racines.

Il est important de pouvoir laisser partir, de pouvoir laisser partir ce dont on n’a plus besoin, ce qui n’a plus lieu d’être. Mais il est important aussi de pouvoir se nourrir. Et cela va être le rôle des feuilles, le rôle du soleil.

On peut imaginer aussi que de l’autre côté, vers le haut de l’arbre que nous sommes, on a nos feuilles pleinement tendues vers le ciel, pleinement tendues vers la lumière du soleil. Et que cette lumière du soleil, toujours disponible est là à chaque instant pour nous régénérer. On peut imaginer la chaleur du soleil sur nos feuilles, sur nos branches6. On peut sentir son énergie qui nous nourrit. On peut imaginer que cette énergie vienne glisser le long de notre tronc jusqu’au racine. On peut imaginer qu’on s’emplisse de lumière, de chaleur et d’air pur.

J’inspire : je me nourris de plus en plus de soleil, je rentre en contact avec la lumière. J’expire : je fais circuler cette lumière, tout en évacuant ce qui n’a plus lieu d’être. J’inspire, je monte vers le soleil. J’expire : je distribue le soleil à travers moi.

Dans ce mouvement on peut s’imaginer être un arbre de plus en plus grand. A chaque fois que j’inspire, je me rapproche encore un peu plus du soleil, mes branches grandissent, mes feuilles prennent de l’ampleur, mon tronc s’étire. J’inspire : je me nourris et je grandis de plus en plus. J’expire : je me conforte, je me stabilise, et je distribue la lumière et la chaleur.

On peut s’imaginer comme cela être un arbre magnifique, un arbre gigantesque, mais aussi un arbre de plus en plus fin, de plus en plus sensible, un arbre de plus en plus capable de sentir l’énergie du soleil.

Et puis finalement, on peut imaginer que l’on est tellement empli de cette lumière et de cette chaleur que l’on peut commencer à en distribuer aux autres. On peut alors imaginer d’autres arbres autour de nous. On peut imaginer que l’on est X (nombre de participants) arbres autour d’une clairière se nourrissant tous à partir du même soleil. On peut sentir les autres arbres, simplement en imaginant : les arbres à côté de nous, les arbres en face de nous. Chacun de nous fait ce travail de respiration, de contact avec le soleil et de distribution de la lumière, de circulation en nous et pour les autres.

On peut sentir de cette manière que chacun de nous a une place, que chacun de nous est utile. On n’est pas utile parce qu’on fait quelque chose de particulier, mais simplement parce qu’on est en présence les uns les autres, simplement parce qu’on est en relation, simplement par ce qu’on s’apporte, on s’échange un peu de soleil.

Je vous invite, pour quelques minutes à rester dans cette énergie, à être ensemble, à être dans cette présence à votre respiration et simplement à vous laisser guider par la musique pour venir goûter votre expérience d’arbre.

Fin de la relaxation

On reprend conscience de notre respiration. On reprend conscience du soleil et de la terre. On prendre conscience de l’expérience que nous avons vécue. Puis peu à peu, prenez le temps de vous dévêtir de l’écorce de l’arbre que vous avez été pour retrouver votre peau, vos vêtements. Prenez le temps de vous sentir de nouveau installer au sol / dans un fauteuil, dans cette salle. Prenez le temps de revenir à la sensation de vos membres, de votre tête, vos épaules, vos bras, vos mains, du ventre, du basin, des jambes, des genoux et des pieds.

Et puis on peut prendre conscience que cette séance prend fin bientôt. On peut imaginer la suite de notre journée, ce qu’on fera juste après la séance, ou dans quelques heures.

On respire en conscience pour remettre de l’énergie jusqu’au bout des pieds, jusqu’au bout des doigts. On peut commencer à bouger en faisant de légers mouvement des orteils ou des doigts. Doucement on peut s’étirer, bailler, se masser et enfin ouvrir les yeux et revenir dans notre réalité.

Commentaires

Cette relaxation a été proposée en séance finale à un groupe de personnes souffrant d’Alzheimer. Avant de la proposer à un public de personnes âgées, il peut être intéressant de travailler quelques points particuliers. Ces personnes sont souvent peu habituées à la pratique de la relaxation. Il est donc important de commencer le cycle de relaxation en se focalisant sur le corps et ses sensations. A mon avis, pour ces personnes, un travail à partir de l’imaginaire – celui de l’arbre en l’occurrence – ne peut venir que dans un second temps. Il est important en effet que chaque personne ait la capacité de se retrouver quelque peu seule avec elle-même et que le groupe se soit bien constitué pour être suffisamment contenant.

Le travail d’estime de soi

Ce travail d’estime de soi est sous-jacent à l’ensemble des relaxations. Cependant, avec l’imaginaire de l’arbre, il devient central. En effet, s’imaginer arbre, invite à se penser dans une verticalité, entre un ancrage au sol et un lien à l’environnent (le ciel ou les autres). De ce fait, le participant a la possibilité de se vivre comme centre du monde à partir duquel il a la possibilité d’expérimenter.

De plus, la relaxation n’est jamais un exercice de performance, de critique ou de jugement a posteriori. Chacun vit ses propres expériences, sans se sentir obligé de devoir en référer à quelqu’un (ce travail pourra toutefois se faire dans des groupes travaillant particulièrement l’élaboration des ressentis). Ainsi, l’expérience de la relaxation et de l’imaginaire de l’arbre invite le participant à reprendre sa place dans sa propre histoire et dans ses propres représentations. Ce dispositif permet donc au participant un travail de réflexivité en douceur et en respectant ses limites.

Lâcher-prise

Par la relaxation, il s’agit de pouvoir peu à peu changer le point d’identification et de prendre de la hauteur. C’est particulièrement vrai avec l’imaginaire de l’arbre : stable, haut, il est dans une juste distance avec l’environnement. L’arbre permet ainsi facilement de prendre de la distance avec les expériences tout en s’assurant d’une bonne assise.

Il est alors possible d’expérimenter la circulation, de la sève, du souffle, et par extension des pensées et les émotions. Ce travail du deuil et du lâcher prise se retrouve dans de nombreuses relaxations.  Vous pouvez retrouver ce travail dans la relaxation “laisser partir” proposée précédemment. Ce qui entrave peut alors être évacué, au moins de manière imaginaire, comme les attachements ou les identifications trop matérielles. Si cette évacuation ne se fait pas réellement, la relaxation offre toutefois un espace d’expérimentation potentielle, virtuelle et sans danger permettant une première approche du travail de deuil et de lâcher prise.

Entre Âme et Personnalité

Cependant, dans le processus de circulation énergétique (pensées, affects), il ne s’agit pas uniquement d’évacuer. Car il n’est possible de laisser partir les choses qu’à partir du moment où il existe un nouveau à partir duquel se régénérer. C’est le symbole du ciel et du soleil. La relaxation avec l’arbre permet ainsi d’introduire ce qui s’apparente dans un premier temps à un transcendant-immanent, une autre présence, mais qui s’avère finalement être ce que nous sommes au fond de nous-même : l’Âme.

Bien sûr dans cette relaxation cette énergie d’Âme est mystérieuse, à peine évoquée comme telle. L’important ici est plutôt d’amener le mouvement de circulation entre Âme et Personnalité, c’est-à-dire entre l’âme et nos identifications quotidiennes. Cette relaxation propose ainsi de travailler par l’expérience, le mouvement de distribution de la lumière et de la chaleur du soleil, (comprendre l’énergie de l’âme) sur un plan plus concret, celui du corps physique.

 

Photo : TheDigitalArtist @ pixabay.com
Notes :
  1. Cette longue introduction était nécessaire pour le public de personnes âgées auxquelles cette relaxation était initialement destinée.
  2. Nous avons travaillé, lors des séances précédentes, la sensation des appuis.
  3. Cette relaxation est la dernière d’un cycle de 5 séances utilisant l’arbre comme support. L’introduction de l’arbre est ici relativement rapide car les participants en ont déjà travaillé plusieurs facettes.
  4. L’ancrage au sol et l’échange nourricier des racines peuvent faire l’objet de séances particulières.
  5. Même remarque concernant la circulation qui peut faire l’objet d’une séance particulière.
  6. Même remarque. Il est possible de proposer une relaxation spécifiquement sur les feuilles et leur capacité à se nourrir de lumière.

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