De prime abord, parler de lois peut sembler relativement étrange dans le domaine de la spiritualité. Nous pensons immédiatement aux lois judéo-chrétiennes (les 10 commandements) ou islamiques (Charia). Or ces lois concernent principalement des comportements. Je vous propose d’aller un peu plus loin et de remonter aux lois de la Vie.
Pour ma part, lorsque j’ai commencé à méditer, il n’était surtout pas question de loi ! La méditation était avant tout un moyen de libération. Il s’agissait de se libérer de la condition humaine, de trouver la lumière pour me sentir mieux, de trouver le bonheur et une certaine aisance de vie. Il y avait certes, une motivation pour appliquer la discipline nécessaire, mais en aucun cas le but était d’aller chercher des lois et encore moins de s’y plier ! Liberté et loi ne faisaient pas bon ménage !
Pourtant, Il nous faut nous mettre peu à peu en accord avec ces lois de la Vie. Si des maladies apparaissent, une dépression, une crise, notre premier réflexe est de reporter la faute sur la conjoncture ou l’entourage. De nombreux ( mais pas tous !) psychologues et neurologues pensent en effet que ce qui nous arrive provient d’interactions neuronales ou de la situation sociale : c’est à dire que la cause de ces problèmes est de l’ordre d’un hasard extérieur à nous-mêmes.
Or, lors de ces moments de crise, il est intéressant de prendre le temps de s’interroger sur soi-même. C’est ce que proposent des psychologues et de nombreuses thérapies alternatives : remettre la personne au centre de ses responsabilités de vie. Mais cela n’est pas toujours facile à entendre. Tout l’art du thérapeute sera ainsi de laisser le temps à la personne de faire son propre chemin.
La question se posera alors tôt ou tard : suis-je en accord avec les lois de la Vie ? Car bien souvent, pour ne pas dire tout le temps, nous voudrions que la vie corresponde à nos propres lois et non à celles de la Vie. Et c’est là où la crise intervient !
Ramdas écrivait dans son livre Carnet de Pèlerinage qu’il ne s’était jamais senti aussi libre que depuis qu’il se soumettait à Dieu. C’est d’ailleurs l’origine de son nom : « das » signifiant serviteur ou esclave de Ram (Dieu). Et le mot « islam » ne signifie-t-il pas aussi résignation ou soumission ?
Mais alors où est la liberté dans la soumission aux lois ? Convenons bien que je parle de lois de la Vie et non de celles qui régissent une religion ou une société humaine. Nous touchons ici à l’indicible de l’expérience. Une loi – d’Amour, par exemple – , ne se révèle non plus comme une indication de comportement – il faut que j’aide mon prochain -, mais comme une vibration de direction et de sens qui sonne comme une évidence, comme un retour à ce que nous sommes réellement. Il n’est alors plus question d’un comportement particulier, mais d’un état d’être.
Il y a ainsi une sorte de soulagement dans la manière de se laisser guider, non plus par des lois extérieures, sociales, mais par des lois intérieures, porteuses de sens… et le sentiment étrange de se sentir libre et grandi dans l’obéissance à ces lois.
Mais toucher cela ne signifie pas l’illumination et l’état de sagesse immédiate. C’est juste un petit pas qu’il faudra renouveler jour après jour. Commence ici le travail de transformation : car si je me sens en accord avec la loi que je contacte, il est difficile de l’appliquer dans la foulée, au risque de trop chambouler ma vie et de se heurter à de grandes résistances ! Je vais alors m’en nourrir et me laisser imprégner, pour que chaque jour apporte une nouvelle compréhension.