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Le temps vertical

Temps vertical

Habituellement nous considérons une ligne du temps présentée de manière horizontale. Du point de vue de la Personnalité, nous observons et vivons en effet une succession des événements. Cependant, quand nous considérons le Soi, le temps se verticalise. Les crises devenant alors les conséquences d’une pensée sans verticalité du temps.

Le temps horizontal

Nous nous représentons en effet les événements du temps comme ordonnés allant du passé au présent en direction d’un futur. Nous vivons en effet cet enchaînement d’événements comme étant notre réalité. Dans notre vie quotidienne nous organisons une succession d’événements. Nous nous pressons pour que ce que nous souhaitons réaliser concrètement puisse aboutir. Ou alors, nous sommes entraînés par les différentes tâches à accomplir.

Pour la Personnalité, le temps se déroule de manière linaire.
Pour la Personnalité, le temps se déroule de manière linaire.

Nous mesurons le temps à l’aide des événements dont nous avons conscience. Notre curriculum vitae, donne les jalons de notre histoire personnelle. Globalement, dans le monde, nous observons les différents événements comme étant ce qui écrit l’Histoire. Plus il y a d’événements, plus le temps semble s’accélérer. Plus nous sommes en capacité d’observer, créer, et de vivre des événements, plus nous vivons un temps rapide.

Cette idée du temps peut nous faire vivre la précipitation, l’empressement, l’oppression. Comment vivre des événements toujours de plus en nombreux ? Comment pouvoir y répondre sans les subir ? Nous vivons cette frénésie du temps autant dans nos vies personnelles qu’au niveau mondial. Et quand la crise survient, elle semble autant dévastatrice que salvatrice et porteuse d’un nouveau paradigme de penser.

La causalité linéaire

Sur cette ligne du temps, du point de vue de notre personnalité, nous percevons un passé et un futur. Le passé sous la forme des souvenirs ou des traces matérielles ; le futur sous la forme des désirs ou de projections de possibles. Afin de déterminer le futur, nous considérons les événements s’enchaînant dans une chaîne de causes à effets linéaires. Nous cherchons les causes d’un événement dans les événements qui semblent l’avoir précédé. Et nous imaginons le futur comme étant la résultante possible de l’ensemble des causes que nous discernons.

Chaque événement est issu de causes précédentes.
Chaque événement est issu de causes précédentes.

Cette causalité linéaire peut tout aussi bien être multifactorielle : il existe plusieurs causes pour le même effet. On peut bien sûr complexifier le schéma à volonté. Dès qu’il s’agit de multifactorialité, les combinaisons possibles sont infinies. Ce qui fait qu’il sera toujours difficile de prédire le temps qu’il va faire : trop de paramètres sont à considérer. Ainsi, dans son livre, La physique de la conscience, Philippe Guillemant observe qu’il est difficile de prédire le comportement de boules de billard à partir de 3. Pour le faire, il est nécessaire d’inclure une autre dimension : celle de l’intention.

Le temps du Soi

J’ai abordé la question du Soi, ou de l’Âme, notamment dans l’article psychologie de l’être et dans la vidéo du Moi au Soi, grandir en conscience. Pour résumer : nous sommes composés de différents corps de manifestation : un corps physique, un corps émotionnel ou imaginaire, un corps mental.

Commençant par celui qui nous paraît le plus évident. Le corps physique correspond au corps que nous voyons, mais aussi à ce que l’on appelle le corps éthérique correspondant à notre vitalité. Ensuite, nous avons un corps émotionnel ou imaginaire, correspond à l’ensemble des images ou émotions qui nous habitent. C’est le corps qui vient mettre en mouvement, mettre en expression ce qui nous traverse, au moins sous forme d’image. Enfin, le corps mental a la caractéristique principale de chercher à discerner, à penser et à créer des idées pouvant être transmises.

Ces corps sont imbriqués les uns dans les autres comme des poupées gigognes. Le corps mental incluant le corps émotionnel qui inclut le corps physique. (Oui, nous aurions tendance à penser dans l’autre sens !) Ces trois corps forment ce qui est appelé la Personnalité.

Le Soi correspond à une instance encore plus inclusive. Elle inclut à la fois la Personnalité et, si l’on peut le dire ainsi, est reliée aux Soi des autres personnes. L’Âme ou le Soi est en lien permanent avec l’ensemble, tout en ayant une couleur, une note singulière se manifestant à l’aide de et par la Personnalité.

Le Soi et les plans de manifestation : corps mental, corps émotionnel, corps physique.
Le Soi et les plans de manifestation.

D’une manière plus globale, nous retrouvons ces différents plans pour des groupes d’individus, au niveau des nations ou de l’humanité. Il est ainsi tout à fait possible de parler du Soi d’une personne, d’une Nation ou de l’Humanité. Ce n’est qu’une question d’échelle et d’analogie fractale.

La causalité du Soi

Le Soi est aussi appelé corps causal. Autrement dit, celui qui est à l’origine des effets.

Pour mieux comprendre, on peut imaginer le Soi comme un Soleil, toujours lumineux et diffusant sa lumière en permanence. Quand il fait nuit, ce n’est pas le Soleil qui arrête de luire, c’est nous qui lui tournons le dos. De la même manière, le Soi éclaire en permanence la Personnalité qui souvent lui tourne le dos !

D’autre part, la Terre ou les autres planètes n’influencent pas le mouvement ou la radiation du Soleil. Il en va de même entre le Soi et la Personnalité. Cette dernière n’influence en rien le Soi et ne peut, au mieux, que se laisser influencer par elle.

De la même manière que le Soleil est cause de vie sur Terre, le Soi est cause de vie des corps plus manifestes qu’il inclut. Par son influence sur les plans mental et émotionnel, le Soi se manifeste dans le monde physique. De ce point de vue, le principe de causalité est tout autre.

Le Soi est cause des événements perçus sur la ligne du temps.
Le Soi est cause des événements perçus sur la ligne du temps.

Ainsi, ce qui paraît parfois être dans un rapport de cause à effet peut simplement être issue d’une même source d’énergie. Prenons un exemple concret. Souvent, en psychologie, on cherche l’origine d’une pathologie. Plus on remonte dans l’anamnèse de la personne, plus on trouve des événements traumatiques de sa vie porteur d’un sens similaire. On remonte ainsi parfois jusqu’à la naissance. On en déduit que l’événement à l’origine de la pathologie est l’événement originel qui lui-même a créé ou a été renforcer par une suite d’autres événements tout au long de la vie.

Avec l’idée que le Soi peut être à l’origine de ce qui se produit sur les plans plus manifestes, nous considérons l’ensemble des événements comme une seule et même conséquence d’une même intention. Dans notre exemple, c’est la même énergie du Soi qui chercherait ainsi à se manifester à la naissance et lors de tous les événements de l’anamnèse qui semblent avoir le même sens. C’est-à-dire, qu’en incluant l’instance du Soi, nous ne considérons plus une causalité d’une chaîne de traumatismes. Mais au contraire, par cette suite d’événements concret, le Soi chercherait à se manifester sur le plan physique.

Ainsi, se dessine deux types de temps et de causalité : le temps horizontal manifeste de la Personnalité et le temps vertical ou intérieur du Soi1.

Le temps vertical

Avec le Soi, le temps prend une autre tournure. Dans ce cas, le plan physique correspond au passé. Ce que nous voyons physiquement autour de nous, n’est en effet que le résultat des pensées et actions passées. La conscience que nous avons de nous-même et des événements au niveau de la Personnalité serait notre présent. Le Soi, même s’il fait pleinement partie de ce que nous sommes, encore non pleinement manifesté, indiquerait le futur. Mais quel est le futur que le Soi cherche à manifester ?

Temps horizontal et vertical
Temps horizontal et vertical

Comme mentionné plus haut, le Soi correspond à un niveau de conscience de plus en plus inclusif. L’altruisme, la coopération, l’interdépendance, l’équité, la solidarité les justes relations sur tous les plans, entre les règnes de la nature sont autant de prises de conscience de plus en plus inclusives. Autrement dit, le Soi, que nous le considérions individuellement ou globalement, pousse toujours à manifester une unité.

Il est vrai cependant que la question d’une causalité future, soulève le problème du libre-arbitre. Ce dont nos Personnalités ont souvent du mal à lâcher, tant nous sommes attachés à nous savoir libres ! En effet, tant que nos Personnalités ne sont pas encore pleinement tournées vers l’écoute du Soi que nous sommes, il y aura une résistance à abandonner le mirage d’une liberté personnelle !

Mais pour le Soi, peu importe. Comme un Soleil, il rayonne. À nous de nous adapter à son intention et à son énergie au fur et à mesure des crises de nos existences ! Le Soi nous invite toujours à inclure de plus en plus et à vivre un champ de conscience de plus en plus vaste.

Dans ce mouvement, il est intéressant de noter que plus notre conscience s’élève, plus le temps semble s’accélérer. Comme à l’image d’un trou noir : plus on se rapproche du centre, plus le temps semble s’arrêter et s’écouler rapidement autour de nous. Quand nous sommes pris par les détails de la vie, nous vivons l’empressement. Quand nous vivons l’inclusivité et une part d’unité, nous nous laissons moins entraîner par les événements extérieurs.

Ainsi, entre le temps horizontal de la Personnalité et le temps vertical du Soi, il y a nécessité de trouver un accord et de plus justes relations. C’est le temps des allers et retours en conscience entre Personnalité et Soi. Un temps entre deux temps, un rythme du temps en conscience.

Le rythme du temps

À partir du schéma suivant, se dessine un autre type temps : celui du rythme et de la qualité. Si jusqu’à présent nous considérions le temps à travers une quantité d’événements, le Soi répète inlassablement, comme le Soleil, la même qualité d’énergie. Les événements ne sont que le reflet d’une qualité qui se manifeste de plus en plus et de mieux en mieux.

Le rythme de la manifestation des événements dans le temps.
Le rythme de la manifestation des événements dans le temps.

Nous pouvons prendre l’image de l’artiste. S’il a l’idée de son œuvre en tête, l’artiste devra procéder à de nombreux essais avant de parfaire son œuvre. Il en va de même du Soi dans son rayonnement dans la manifestation. Il est nécessaire de procéder à de nombreux ajustements, de nombreux essais, jusqu’à ce que l’intention initiale soit réalisée. L’artiste procède à une première expérience puis l’estimera. À l’aune de cette estimation, il procédera à un nouvel essai. Etc, jusqu’à l’accomplissement de l’idée. De ce point de vue, la succession des événements sur le plan matériel n’a que peu d’intérêt. L’idée de l’ouvrage n’est pas dans la succession des œuvres ratées, dans le passé, mais bien dans une intention qui se manifestera pleinement dans le futur.

Notons toutefois une différence avec l’artiste. Le Soi n’a pas besoin de retour d’expérience. Comme le Soleil n’a pas besoin de savoir qu’il rayonne. C’est la Personnalité qui profite du retour de l’expérience, et plus particulièrement au niveau mental. Le Soi se manifeste à travers la Personnalité pour que celle-ci devienne de plus en plus sensible à celui-ci. L’énergie du Soi insuffle un mouvement de purification des corps manifestes. Afin qu’ils deviennent de plus en plus responsifs à cette énergie et à la pleine manifestation du Soi.

Il est donc extrêmement important que le rythme de manifestation, et du retour d’expérience soit maintenu. Dans le cas contraire, le système se déséquilibre. Si l’artiste n’apprend jamais de ses essais, il peut s’emballer dans une suite frénétique de réalisation sans aucun sens. S’il ne fait que critiquer, il ne manifeste rien. Dans les deux cas, l’énergie de l’intention initiale ne circule pas et le système se cristallise ou tourne en rond. La crise est là !

En conclusion, le temps de l’Un

Toute crise est la conséquence d’un rythme qui n’est pas adéquat entre manifestation et intention. Dans la frénésie de nos Personnalités à créer sans but d’ensemble, sans vision d’un bien commun, il est de plus en plus nécessaire de vivre rythmiquement. Comme il est important de pouvoir remettre l’intentionnalité du Soi au cœur de la lecture des événements. Vivre une part du Soi, c’est remettre du sens, là où il ne semble pas y en avoir, là où il semble que rien n’avance. Pourtant le Soi, en tant que conscience individuelle ou groupale est toujours à l’œuvre. Pour s’en apercevoir, il s’agit « simplement » de redresser la barre du temps, de stopper la frénésie matérialiste, et de s’orienter vers le chemin de l’unité intérieure.

Crédits
Image par ArtTower de Pixabay

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