Une relaxation qui invite à ressentir qui l’on est tout en accueillant le plus subtil.
Contrairement à l’image de l’arbre exploré dans Je suis arbre, une relaxation pour se connecter, celle du lac est moins usitée à travers le rapport au corps, la sensibilité physique et subtile. Je vous propose à la fin du texte des pistes de réflexions et d’analyse.
Et pour la première fois, vous pouvez accéder gratuitement à la version audio de cette relaxation sur mon site principal : davidlibralesso.com. Le texte de la relaxation ci-dessous est tiré de la retranscription audio, avec quelques ajustements pour une lecture plus fluide.
La relaxation « Comme un lac »
Mise en présence
Comme d’habitude, prends le temps de t’installer confortablement. Prends le temps de t’allonger, de te couvrir, de simplement te déposer là, ici, maintenant. Ressens ce corps qui occupe toute sa place et qui retrouve son propre rythme. Ressens que ton corps, dans son ensemble, s’étale, s’enfonce doucement sur le sol ou dans le sol.
Prends le temps de ressentir tes jambes, puis ton bassin, posés sur le sol. Ressens ton dos, tes omoplates, posés contre le sol. Ressens aussi tes épaules, tes bras, tes mains, qui se déposent au sol. Enfin, ressens ta tête, elle aussi doucement posée contre le sol.
Prends conscience de ta position, de tout le poids de ton corps soutenu par le sol. Ressens cette sensation : ton corps qui se dépose pleinement. Il y a ce moment que tu t’accordes, ce moment précieux dédié à ton corps. Un moment qui a un début et une fin, mais pendant lequel, tout simplement, le corps et l’esprit peuvent se relâcher, se déposer.
Goûte simplement la sensation : cette sensation de pesanteur, de se laisser porter par le sol. Ici, il n’y a plus besoin de maintenir, plus besoin de tenir, plus besoin d’être tendu. C’est le sol qui te porte.
Je t’invite maintenant à porter ton attention sur ta respiration. Ressens ce ventre qui se gonfle et se dégonfle, tranquillement, à ton propre rythme. Ne cherche pas à la modifier. Laisse faire, laisse ta respiration libre. Ton corps a cette intelligence de se réajuster par lui-même. Laisse-le se réajuster, dans sa respiration, dans sa position.
Prends ce temps-là, ce temps d’ajustement. L’important est d’être aussi confortable que possible. Être confortable, c’est être en harmonie : le corps, la respiration et l’esprit s’accordent dans cette harmonie.
Reste attentif à ta respiration. Une inspiration, une expiration, comme le mouvement des vagues qui va et vient.
Là, je t’invite à imaginer ces vagues à la surface d’un lac. Ressens ton corps, ici et maintenant, respirant dans ce mouvement de va-et-vient. Peu à peu, je t’invite à devenir ce lac. Imagine-toi devenir un lac. Être comme un lac.
Etre un lac
Imagine-le selon tes envies, selon ce qui se présente. Imagine son environnement, sa végétation, sa grandeur. Imagine sa forme.
Être un lac, c’est peut-être un peu étrange, une expérience inhabituelle.
Tout d’abord, je t’invite à ressentir l’assise de cela. Comme ton corps se dépose au sol, le lac est déposé dans un berceau, dans un lit : celui de la terre, celui des montagnes ou des collines. Il est là, totalement intégré au sein de la terre, entouré par elle. Ressens sa présence, immobile, au milieu des montagnes, des collines ou de la plaine. Entouré de terre, de végétation, de rochers.
Je t’invite maintenant à sentir les bords de ce lac. Imagine la peau du lac, comme la peau de ton corps. Cette peau touche la terre aux bordures du lac.
Imagine la sensation de l’eau sur la terre, au niveau des rivages, des plages de sable ou de cailloux, peut-être même des plages végétales. Ressens ces sensations, explore-les avec la « peau » de ton corps. Va dans les détails : perçois chaque petite pierre, chaque grain de sable, chaque plante. Sens aussi la présence des animaux, écoute les sons : les clapotis de l’eau, peut-être le murmure des rivières qui nourrissent ce lac.
Une présence de lac
Imagine que ce lac reçoit l’eau de multiples rivières qui viennent l’alimenter, lui apportant une eau claire et ressourçante. Visualise aussi ce lac en lien avec d’autres cours d’eau : des rivières ou des fleuves qui viennent à lui et qui repartent. Observe la fluidité de ce mouvement, l’eau qui arrive, l’eau qui repart, tandis que le lac demeure là, ancré dans son bassin.
Ressens en toi toute cette vitalité, ce flux entrant par la peau, la respiration, ou les bords du lac. Même avec la vie qui bouge tout autour — des aspérités, des mouvements — au fond de lui, le lac reste calme. Ressens ce calme profond, cette assise stable, ancrée dans la terre. Malgré les mouvements en surface, le lac conserve cette stabilité intérieure. Il reste là, ici maintenant.
La surface du lac
Je t’invite maintenant à observer la surface du lac. Mets ton attention sur cette surface. Est-elle calme ? Agitée ? Y a-t-il des vagues ? Observe ce contact entre l’air et l’eau. La surface, c’est le contact du lac avec l’air, avec le ciel. Le lac est dans son bassin de terre, il est totalement ouvert sur le ciel. C’est comment la sensation ? Cette sensation, en lien avec le ciel.
Et ressent cette surface du lac comme une zone d’échange. Un échange entre le ciel et l’eau. Un échange d’air, un échange d’énergie, de vitalité, de lumière. Observe que, quand la surface est calme, le lac reflète le ciel. Ciel et lac se confondent. Ils ne font qu’un…
Mais si la surface est agitée, si des vagues se forment sous le vent, elle devient opaque, sombre.
C’est le moment des tempêtes, des vents forts. Et c’est là où je t’invite peut-être à voir la tempête différemment.
Le moment des tempêtes
Bien souvent, les tempêtes sont perçues comme négatives, destructrices. Il y a toutefois quelque chose de merveilleux à ce moment-là. Lorsque les vagues s’agitent, les embruns s’élèvent, pleins de lumières et de mélanges subtils entre le ciel et l’eau. Ces mouvements créent une danse, une tentative de communication entre deux éléments distincts : l’air et l’eau.
Vois-le comme une danse, comme un apprentissage de nouvelles vitalités. Observe comment, au cœur de la tempête, des éclats de lumière, des arc-en-ciel, et parfois une clarté inattendue peuvent émerger. C’est comme si le ciel, l’air cherchaient à communiquer un peu plus avec l’eau et avec la terre. Et en tant que lac, tu peux accompagner ce mouvement.
En accueillant simplement la tournante, en accueillant la tempête, en accueillant le vent. Comme une danse entre l’air et l’eau, entre deux aspects très différents qui cherchent à se comprendre, qui cherchent à communiquer entre du subtil et du plus tangible.
C’est comment de l’air ? C’est comment de l’eau ? C’est comment de la terre ? Qu’est-ce qu’on ressent ? Comment fait-on pour accueillir quelque chose qui n’est pas de notre nature ?
La lumière dans la tempête
Observe que dans cette tempête, dans ses mouvements d’embruns, de vent, de vagues, la lumière peut être là. Parfois une éclaircie, un rayon de soleil ou un arc-en-ciel. Parfois la scène s’illumine et nous montre une beauté que l’on avait à peine soupçonné : l’alliance entre le ciel et l’eau.
On est dans ces montagnes, dans ces collines, entouré, en étant installé dans cette terre, dans ce bassin, et, en tant que lac, on peut observer cette surface qui s’agite. On peut observer que cela ne change pas le calme intérieur. Et en contraire, que, vu du fond du lac, cela peut amener une vitalité, peut amener de la vie et de la lumière.
Observe comment chaque vaguelette dans la tempête se transforme en goutte de lumière, comment l’eau et le ciel se mélangent se répondent, comment l’eau se purifie, comment l’eau s’oxygène…
L’apaisement et la lumière
Et quand le soleil réapparait, observe le scintillement de toutes ces vaguelettes, de toutes ces lumières, de tous ces soleil qui se reflètent dans chacune des vagues. Ce n’est plus simplement l’air qui se mélange à l’eau, c’est la lumière qui danse avec l’eau.
Imagine alors, que, du fond du lac, cette lumière vienne toucher au plus profond. Imagine que cette lumière vienne illuminer les profondeurs, éclairer et surtout nourrir. Elle nourrit l’eau, le lac avec une nouvelle énergie, une nouvelle vibration, plus lumineuse, plus apaisante.
Ressens cette lumière qui vient toucher la surface, qui vient se refléter dans chacune des vagues et s’épandre dans l’eau
au fond de toi, jusqu’au plus profond. Peut-être qu’elle vient toucher des endroits obscurs ? Et observe comment elle
impulse de la vie dans ces endroits-là ? Observe simplement.
Retour en conscience
Et observe maintenant, comment peu à peu tout cela s’apaise. La tempête s’apaise, Les vagues s’apaisent et la surface retrouve son aspect de miroir, reflétant parfaitement le ciel. Ciel et eaux se confondent, se répondent. C’est comme une nouvelle naissance, un renouveau. C’est comme un nouveau corps et de nouvelles eaux, un nouvel aspect de soi qui se développe ou qui émerge.
Je te propose de rester quelques instants sans parole, en présence de ces qualités et de ces sensations que nous venons de toucher.
Nous allons tout doucement revenir à un état de conscience normal. Observe tout ce que tu viens de rencontrer dans cette relaxation : cette expérience de lac, de surface, de lumière, de terre, de ciel. Prends le temps de ressentir, l’effet de tout cela sur ton corps.
Puis je t’invite à ressentir ta respiration, à ressentir la surface de ton corps, à ressentir tes membres, tes pieds, tes mains, ta tête. Et tout doucement, prend le temps de revenir dans ce corps d’humain et non plus de lac.
Ressens cette nouvelle qualité d’être que tu es, que tu as. Imagine-toi dans quelques instants avec cette nouvelle qualité ou quelque heures, quelque jours, avec cette nouvelle sensation d’être posé, d’être observateur, observatrice, de l’ensemble de tes ressentis. Et dans les jours qui suivent, reste attentif à tout ce que cette relaxation a pu faire émerger en toi.
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Corps ancré et intérieur mouvant
Une des particularités de cette relaxation est qu’elle propose un ancrage dans le sol tout en permettant de ressentir un intérieur mouvant. L’ancrage se fait par l’environnement du lac, des collines, et de la terre. C’est le bassin dans lequel le lac repose. Il est tout à fait possible de faire un lien avec notre propre bassin, dans lequel, lorsque nous sommes bien détendus, la respiration s’installe naturellement.
Cette relaxation invite ainsi à s’ancrer tout en percevant un intérieur incertain, mouvant, fluctuant et parfois soumis aux éléments extérieurs. Elle incite ainsi à ressentir l’ancrage, quels que soient les événements du monde qui viennent nous tourmenter.
C’est ce que nous vivons la plupart du temps dans la vie quotidienne. Combien de fois sommes-nous bousculés par un événement, une émotion, une action ou une parole d’un proche ? Pourtant, il y a en nous suffisamment de ressources — et de présence — pour ne pas être emportés ni déstabilisés par les événements du monde. De même, il est tout à fait possible de vivre dans le calme et la sérénité malgré l’agitation intérieure provoquée par des émotions ou des pensées. Cependant, pour cela, il est nécessaire d’être sensible afin de mieux discerner ce que nous ressentons.
Être de plus en plus sensible
Bien souvent, nous manquons de sensibilité. Je l’observe chez mes patients ou dans les groupes que j’accompagne. Nous savons, nous théorisons, nous expliquons, mais trop souvent, la sensibilité fait défaut. Cela vient probablement du fait que sensibilité et émotions sont souvent confondues. La sensibilité est la capacité à discerner des ressentis, tandis que l’émotion est un mouvement qui cherche à se manifester de l’intérieur vers l’extérieur. Mais cette éducation à la sensibilité, n’est pas vraiment au premier de notre éducation.
Cette relaxation aborde ainsi deux sensibilités différentes. Celle du corps physique, nommée « peau » dans la relaxation avec les bordures du corps. C’est ce que nous ressentons avec le toucher physique habituel. Et d’autre part, elle amène une autre sensibilité par la surface du lac. Cette surface aurait pu être une « peau » également. Mais il me semblait que cela aurait ramené à un aspect trop extérieur et trop matériel. Pourtant, la surface d’un lac peut être assimilée à une peau. Mais une peau intangible, mouvante, changeant au gré du vent.
Porter l’attention à cette surface invite donc à ressentir non plus un contact matériel, mais un contact avec des aspects différents : « Comment fait-on pour accueillir quelque chose qui n’est pas de notre nature ? » Cela demande à devenir sensible à des stimuli de plus en plus subtils en passant du physique, des bords du lac, au vent et aux vagues à la lumière.
Le renouveau de Soi par la lumière
Au fur et à mesure de la relaxation, la lumière devient un élément central lors de la tempête et du retour au calme. C’est peut-être même l’élément central, le lac représentant le Soi réceptif aux nouvelles informations de lumière. Mais n’allons pas trop vite, car avant de parler de lumière, il me paraît important d’évoquer la tempête.
La tempête, c’est le tumulte de la vie : les conflits, les traumatismes, les imprévus, tout ce qui bouscule notre ordre extérieur et intérieur. Dans cette relaxation, j’invite à percevoir la lumière qui surgit au sein du tumulte. Nous avons tendance à ignorer le soleil, cette lumière qui brille en permanence au-dessus de nous. C’est dans l’orage que nous nous réjouissons de la moindre éclaircie. Il y a même une idée encore plus profonde : c’est par le conflit entre ce qui est subtil (l’air) et ce qui est plus dense (l’eau) que la lumière devient visible. Elle a toujours été là, mais c’est dans ces moments-là que nous la percevons le mieux.
C’est ainsi que deux plans cherchent à se rencontrer : Air et Eau, Lumière et Eau, ou encore Soi et Personnalité. Ce sont deux instances de nature totalement différente : une subtile et aérienne, l’autre plus dense et terrestre. Voici donc toute la condition humaine : à la fois matérielle, animale d’un côté et psychique et spirituelle de l’autre. Comment concilier les deux si ce n’est par une danse continue, un va-et-vient perpétuel entre ces deux pôles opposés ?
Voici tout le travail de la sensibilité et de l’intégration : être sensible à la lumière, c’est-à-dire à des informations que nous ne décodons pas encore complètement, et les intégrer en soi. Bien sûr, cela risque de déranger ce qui avait été méticuleusement mis de côté en nous (refoulement). Accueillir et être informé par de nouvelles perceptions, de nouvelles informations, invite à revisiter notre propre fonctionnement, nos croyances, y compris la plus existentielle : celle de penser que nous sommes ce que nous croyons être…
Lien vers l'audio complet de la relaxation : https://www.davidlibralesso.com/relaxations
Commentaire sur “Comme un lac, une relaxation d’harmonie et de lumière”